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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


texté quelquefois des sorties, voulant modérer son zèle qui me semblait excessif et compromettant, mais si j’avais su quel homme il était, je n’aurais pas manqué, je vous le confesse, de lui dire moi-même de ne plus revenir chez moi.

— Il est pire encore que vous ne pouviez vous l’imaginer. C’est un homme capable de tous les crimes !

Et Mme de Létang poussa un long soupir.

— Vous avez eu à vous plaindre de lui, ma chère amie ?

— Certes ! fit-elle d’une voix furieuse, puis changeant le ton : Il a répandu sur moi les calomnies les plus atroces. Peut-être, hélas ! va-t-il se révéler à vous dans toute sa méchanceté. C’est lui, n’en doutez pas, qui a inspiré la visite du capucin.

— Comme je vous remercie, ma chère bonne, lui dis-je en lui prenant les mains, comme je vous remercie de m’avertir ainsi. Ah ! j’ai toujours mis en vous ma plus vive affection, et je vois aujourd’hui comme elle était bien placée !

— Et croyez-moi que je vous aime bien aussi, pauvre chère, répartit-elle en portant ma main à ses lèvres avec une effusion qui me toucha, je ferai tout pour vous rendre service !

— Vous avez un bon ami dans le gouverneur ?

— Il me chérit comme son enfant,… c’est un père pour moi. Il m’a connue si jeune ! Mais une telle affection, qui a la caducité de l’âge, ne peut satisfaire