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JOURNAL D’UNE DAME CRÉOLE


leurs ses hommages. Tout l’argent qu’il gaspille au Cap avec des créatures lui vient de la Du Plantier. Mais elle est bien forcée de s’avouer plus d’une fois l’impuissance de ses charmes, or savez-vous le moyen qu’elle emploie pour retenir dans ses jupons un homme qu’elle dégoûte ? Elle essaie d’attirer des jeunes filles et des plus jolies à ses collations. D’abord j’ai cru que ces réunions étaient convenables, j’y ai envoyé Agathe ; on s’est permis de tels retroussis, de tels examens, et pour parler net de telles indécences, que ma pauvre enfant m’est revenue deux heures après être partie, toute rouge et en larmes. La dame qui me l’a reconduite m’a dit qu’elle avait pris sur elle de l’emmener, tant elle s’était sentie indignée des manières de Mme Du Plantier et de Montouroy.

— Elle avait invité aussi Antoinette, dis-je, fort satisfaite d’avoir prévu l’aventure ; mais j’ai trouvé qu’il sied à une jeune fille de ne point trop se montrer avant son mariage. Dans ces sortes de réunions il se noue plus d’intrigues qu’il ne s’ébauche de fiançailles.

— Vous avez mille fois raison, mais soyez sûre que Mme Du Plantier vous en veut à mort, surtout après l’espèce d’injure que vous avez faite à Montouroy.

— Quelle injure ?

— Vous l’avez mis à la porte.

— Nullement. J’ai trouvé qu’il faisait des visites trop fréquentes aux Ingas et qu’il paraissait désirer mon absence pour être seul avec Antoinette ; j’ai pré-