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JOURNAL D’UNE DAME CRÉOLE


ne manquerai pas, soyez-en sûre, madame, d’en avertir le Conseil colonial.

À peine était-il disparu que M. de La Pouyade, si indulgent d’ordinaire à toutes nos plaisanteries, prit un air grave pour nous saluer.

— Je regrette, dit-il, qu’on ait ainsi traité ce frère, car je le connais, sa conduite est non seulement à l’abri de tout soupçon, mais digne des plus grands éloges.

— Pourquoi est-il venu ainsi nous ennuyer ?

— Soyez persuadée, madame, répondit-il, qu’il ne vient pas de lui-même, mais à la requête de quelque puissant personnage auquel on vous aura méchamment dénoncée.

Quand je fus seule avec Mme de Létang, je ne manquai pas de me plaindre d’un procédé aussi vexatoire.

— Vous savez comme moi, chère amie, me dit-elle, que ces visites ont lieu bien rarement, mais vous avez une ennemie, et même plusieurs, qui, sous l’apparence d’une trompeuse amitié, vous font en secret, tout le mal qu’elles peuvent.

Un nom me vint de suite aux lèvres :

— Vous songez à Mme Du Plantier, n’est-ce pas ?

Mme de Létang me répondit d’un signe de tête puis, se tournant vers Agathe et Antoinette :

— Vous seriez aimables, mes chéries, de vous promener au jardin. Nous avons, Madame Gourgueil et moi, à parler sérieusement.

Les jeunes filles, nous ont fait une moue, d’ailleurs

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