qu’en obéissant à ce blanc, en lui remettant ce qu’il veut, ce qui t’est facile, tu sers ta race et tu t’enrichis avec moi.
— Guen, Zami (ma richesse, c’est mon amour), a-t-elle répliqué.
— C’est à moi que tu oses dire cela ? s’est-il écrié en levant sa large paume.
Elle a éclaté de rire.
— Pa jwé ! zami. Si li kré li pa bon pou a rien, mo ke tout fen mo fen, mo che, mo pran viand di mo voezen. (Ah ! ah ! tu prends ça pour une insulte. Tu ne crois donc pas avoir de quoi être aimé ? Alors, si ça ne te gêne pas, il faut bien que j’en aime un autre).
— Cours donc, coquine, puisque tu as le diable au cul, mais je veux savoir si l’argent existe.
— No savé, (Je ne sais pas.)
— Tu le sais, et tu me le diras…
J’ai eu tort d’interrompre cette dispute. J’aurais appris si Zinga a fait à son mari quelque confidence au sujet de Mme Lafon et de l’argent que j’ai chez moi. Mais que signifie cette phrase de mon commandeur : « Tu sais bien qu’en obéissant à ce blanc, en lui remettant ce qu’il veut… » ? Quel est ce blanc ? que veut-il ? Zinga et son mari m’ont paru tous deux fort troublés à ma vue.
Si alarmantes que soient pour moi ces paroles, divers tracas, cet après-midi, sont venus me les faire oublier, tracas qui sont dus, je crois bien, à la malveillance jalouse de deux amies. Je veux fixer tout