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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

Je ne pus me retenir de rire ; alors Zinga, vivement choquée de ma gaîté, m’exposa très gravement son projet.

Savé li, savé cri ké to ! (Je veux savoir lire, savoir écrire comme toi !)

— Demain, lui dis-je en plaisantant, demain nous penserons à t’acheter une langue.

Elle a noué de nouveau ses louis dans sa candale et est partie toute joyeuse, pleine de confiance, non sans m’avoir de nouveau baisé les mains.

Savoir lire, savoir écrire, est-ce bien utile pour une esclave ? Et pourquoi Zinga a-t-elle si grande envie de s’instruire ? Est-ce pour m’adresser cette demande qu’elle est entrée chez moi ? Est-ce pour m’avertir de cette visite, lorsque tout le jour elle me l’a laissé ignorer ? Plus je songe à cette fille, plus je suis inquiète.

J’ai bien pu subir ses caresses brutales, mais je la hais, je hais son sourire faux, je hais son odeur huileuse dont mon lit est encore imprégné. Ce soir une tache immonde souillait sa jupe, et cependant je l’ai laissé s’approcher de moi avec sa puanteur, sa saleté, et toute l’horreur secrète de son être, plus repoussante encore par ce que l’on devine que par ce que laisse voir son corps. Comment donc ai-je pu la trouver belle et quelle est aujourd’hui ma lâcheté, pour la craindre et ne pas oser, une bonne fois, l’éloigner à jamais !

Il me semble que si elle n’était pas là, je retrouverais la paix, je me sentirais réconciliée avec Dieu, et l’innocence d’Antoinette me rendrait moi-même innocente ou du moins meilleure… La chère enfant ! je