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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


j’avais besoin de me confesser. Et puis personne ne verra ce cahier, que moi — et Dieu.

— Si, mon ami, ai-je répondu, si je me souviens bien, mais pour parler de vous à Antoinette, il fallait trouver une occasion. Vous savez que les jeunes filles sont capricieuses. Il suffit que je vous présente pour qu’elle ne vous trouve pas de son goût. Venez souvent à la maison, faites lui votre cour. Je vous y autorise. Et vous verrez ce qu’elle pense de vous. Je vous promets de faire tout pour la décider à une union que je souhaite de mon côté très vivement, je vous assure. Mais je ne me crois pas le droit de la lui imposer.

— Merci, Rose. Seulement si elle songe à moi, sachez lui faire un bel éloge de votre serviteur.

— Je n’y manquerai pas. À présent sauvez-vous, mon cher Jacques. Si quelque esclave vous apercevait, dès demain on dirait dans toute la ville… vous savez quoi !

— Personne ne m’a vu ni ne me verra. Je sais marcher discrètement. À propos, vous avez toujours cette Zinga ?

— Mais oui !

— Cette horrible négresse ?

— Pourquoi horrible ? elle est plutôt jolie, cette enfant.

— Je n’aime pas ses yeux. J’y lis la haine, la cruauté, le goût du mal, et puis…

— Et puis quoi ? Dites, Jacques, dites vite. Je veux savoir !