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LA VENGEANCE D’UN INCONNU


Mme de Pompadour. Quel est le coquin assez audacieux pour avoir osé se servir de mon nom ?

— Il est adroit en tout cas, observa Jumilhac. Tous ceux qui ont vu ces lettres n’ont pas douté qu’elles ne fussent de vous et Thérésia moins que tout autre. Or elle est en mesure de se venger. Vous connaissez Tallien, n’est-ce pas ? Il ne lui faut pas beaucoup pour transformer un honnête homme en suspect.

— Mais que faire ? demanda Dubousquens accablé.

— Il faut fuir, reprit Jumilhac, et sans retard. Il faut fuir dès ce soir.

— Puis-je ainsi abandonner mes affaires, risquer ma fortune ?

— Et votre vie ! vous n’y pensez plus ? vous ne pensez pas que vous avez contre vous des ennemis acharnés, des amitiés compromettantes, des jalousies. Il ne s’agit d’ailleurs que de disparaître un moment. Je vous remplacerai pendant votre absence. Ce ne sera pas la première fois.

Dubousquens réfléchit quelque temps, puis se décidant tout à coup :

— Allons, fit-il, et il alla préparer son départ.

Il n’avait pas plutôt quitté le salon, que de la chambre voisine s’élança, bondit et se glissa à côté de Jumilhac comme un vif et souple animal. Le commis aperçut alors une femme noire complètement nue.

Son allure conservait quelque chose de sauvage,