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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

— Je ne suis pas fou. On a bien reconnu votre écriture.

— Et comment s’appelait cette amoureuse que j’ignore ?

Avec hésitation, du bout des lèvres, comme si les démentis formels de son patron lui avaient enlevé son assurance, Jumilhac prononça le nom de la gracieuse Espagnole. Dubousquens le regarda fixement. Il cherchait à découvrir sur le visage de son commis quelque intention secrète, la raison d’un langage qui lui paraissait extravagant.

— Thérésia de Fontenay ! dit-il, mais c’est absurde, c’est insensé ! Thérésia de Fontenay ! je l’ai vue juste une fois un soir qu’elle passait au cours de Tourny. J’ai même dit, je m’en souviens, à un ami : « Vraiment, cette femme est au-dessous de sa réputation. Je l’aurais crue plus belle. »

À ce moment, un rire bizarre, comme une roulade de cris aigres, un rire qui ressemblait plutôt à un aboiement de chienne qu’à un éclat de gaieté humaine retentit dans la pièce voisine ; Dubousquens s’approcha de la porte, y donna un coup de pied.

— Tigresse ! te tairas-tu enfin ?

Et se tournant vers Jumilhac :

— Il n’y pas d’être au monde qui m’ait fait plus de mal.

Puis il se mit à marcher à grands pas, la tête baissée, tandis qu’il répétait sans cesse :

— Thérésia de Fontenay ! mais je ne la connais pas ! je ne la connais pas plus que je n’ai connu