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LA VENGEANCE D’UN INCONNU


dit soupirer, sangloter longuement dans la pièce voisine.

— Que venez-vous faire ? demanda Dubousquens, et qui vous a permis ?

Sans habit, dans une fine et précieuse chemise de dentelles, mais à demi déchirée, laissant voir son cou sillonné d’éraflures rouges et comme de griffes profondes, Dubousquens l’effraya, avec ses yeux hagards, ses mains sanglantes, le halètement de colère ou de passion qui soulevait sa poitrine. Il tenait à la main une canne longue et flexible.

Jumilhac lui dit d’une voix sourde :

— Je viens vous sauver. Votre existence est en grand péril.

— Comment cela ? fit Dubousquens sans se troubler.

Absorbé comme il l’était, il prêtait à peine attention aux paroles les plus alarmantes.

— Vous avez été bien imprudent ! répliqua le commis. Courtiser la maîtresse d’un homme aussi puissant, c’était déjà dangereux : mais lui écrire des injures !… Quel démon vous poussait à jouer aussi légèrement votre tête ?

— Que me contez-vous là ? s’écria Dubousquens qui avait écouté son commis avec la plus grande surprise.

— Mais la vérité simplement !

— Moi, j’ai courtisé une femme ? Je lui ai écrit des injures ? Voyons, vous êtes fou !