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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

Le lendemain de cette scène, Jumilhac, le premier commis de Dubousquens fut averti du danger que courait son patron par une chanteuse de théâtre, amie de Thérésia. Dubousquens était alors à son hôtel de la Porte du Palais, dont l’accès était interdit à tout le monde. Mais Jumilhac, sous le coup d’une si pressante menace, ne crut point devoir respecter la défense, et, sans retard, il s’en fut le trouver.

À l’heure qu’il arriva, la rue était déserte. Sous le ciel clair, l’hôtel et les jardins formaient une nuit imperméable. Mais comme il levait le marteau pour frapper, il surprit un mince filet de lumière aux fenêtres du premier étage et, au même instant, un cri atroce, un rugissement prolongé qui remplit la rue. Malgré l’émotion qu’il éprouvait, Jumilhac heurta violemment à la porte. La curiosité, et aussi le désir d’être utile à Dubousquens, dominaient son inquiétude. On ne parut pas l’avoir entendu. Des cris étouffés, puis perçants, retentirent encore ; une fenêtre s’ouvrit, un homme parut, demanda :

— Qui est là ?

— C’est moi, Jumilhac, il faut absolument que je vous parle !

Un instant après un verrou glissait, la porte s’entrebâilla, et Jumilhac pénétrait enfin dans la mystérieuse demeure, suivant Dubousquens à travers des corridors obscurs, jusqu’à un vaste salon entouré de glaces et meublé de sofas, qu’éclairait d’une lumière pâle un lustre à demi allumé. À son entrée, il enten-