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JOURNAL D’UNE DAME CRÉOLE


turer, m’as volé mon amour, crève donc, chienne, crève donc, catin, que ton corps pourrisse sous la pluie, et que la chaleur en fasse une infection !

Et après ces outrages affreux, comme si rien ne pouvait apaiser sa rage, dans le sol détrempé elle roulait mon Antoinette. Elle put savourer tranquillement sa vengeance. Personne ne vint troubler son infâme plaisir. Zozo et Troussot, quand on les eut délivrés, retrouvèrent le corps tout sanglant et couvert de boue. Les membres adorables avaient laissé dans la terre leur empreinte.

Zinga, quand elle se fut repue à souhait de cette mort, disparut.

Sans respect pour le corps de ma chère enfant, Dodue Fleurie et Montouroy se réconcilièrent devant lui dans une étreinte immonde.

Ils parvinrent à calmer leurs esclaves et à les ramener avec eux.

Mon Dieu, ne pouviez-vous aussi me prendre, si vous teniez à ravir cet ange au ciel !

Zinga, Dubousquens se trouvent sur le Duquesne ; ils se sont embarqués en pleine mer, le soir de l’incendie. Ils vivent ici en secret, dans leur cabine, loin du capitaine, des passagers et de l’équipage, mais comme l’animal découvre son ennemi à l’odeur, j’ai bien deviné leur présence ; et dès que j’ai pu me lever du lit.