Page:Rebell - Les nuits chaudes du cap français, 1900.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


pleine et magnifique, éclairait la route, et devant ces monts noirs, ou enveloppés de vapeurs brillantes, je songeais par instant à des nuits aussi belles et plus douces, où j’aurais pu être heureuse, et qui étaient perdues pour l’amour.

Enfin, j’arrive au Cap et, un moment après, je suis au port Charlot. Je demande à un marinier :

— Le Duquesne ?

— Madame, il a quitté le port ; il est dans la rade.

Je sentis une mort froide me monter au cœur.

— Parti ?

— Non, madame. Mais il appareille demain matin au petit jour.

— Alors trouve-moi une barque, et allons-y de suite.

J’activais le marinier qui ne mettait nulle hâte à démarrer.

— Si vous étiez deux, dis-je, aux avirons, nous irions plus vite.

Il me regarda étonné.

— Il n’y a pas un marin sur le quai, fit-il. C’est par hasard que j’étais là. Tout le monde est à la fête aujourd’hui.

La traversée ne dura pas une demi-heure, durant laquelle je souffris toutes les angoisses.

Est-elle là, me disais-je. Vais-je la trouver ?

Je ne songeais même pas à Dubousquens aux bras duquel pourtant il faudrait l’arracher.

Enfin j’aperçois le Duquesne, nous touchons à sa coque énorme et sombre parmi les lumières des flots,