Page:Rebell - Les nuits chaudes du cap français, 1900.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


Puis mon égoïsme renaissait. Oh ! m’écriai-je, si elle pouvait me revenir ! À son âge l’amour est un caprice qui ne dure point. Peut-être la douceur, la tendresse, après un peu de sévérité, me la rendront. Il faut seulement éloigner son ami, et, durant son absence, je ferai en sorte qu’il lui paraisse ridicule et odieux. Ce ne sera sans doute pas difficile. Les séductions de ce Dubousquens sont si misérables !

À la nuit venue, je me décidai à rentrer dans sa chambre. Je n’entendais plus ses sanglots. Il me sembla qu’elle s’était endormie. Alors j’ouvris avec mille précautions et j’entrai sur la pointe du pied, retenant mon souffle. Avec quelle amoureuse compassion j’eusse collé mes lèvres à sa chair meurtrie, baisé ses pieds et ses mains. J’avais la confiance du véritable amour : rien ne me semblait impossible.

Je ne pensais plus que la confidence de Zinga l’avait remplie pour moi de haine et d’horreur ; qu’à ses yeux, j’étais l’assassin de sa mère, et qu’elle était trop ingénue pour comprendre ; qu’un attachement plus fort que le plus violent amour d’un homme, me dévouait à sa vie.

Je m’approchai de son lit dans les ténèbres, espérant avoir la joie délicieuse de caresser sa chair chaude et ferme d’enfant, mais le lit était vide, et je la cherchais, je l’appelais vainement par la chambre, faisant alterner les câlineries et les menaces :

— Antoinette ! Antoinette ! ma chérie ! Viens que je te pardonne, que je t’embrasse… Ah ! immon-