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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

— Que lui as-tu dit, misérable menteuse ? fis-je en me tournant vers Zinga.

— Tout ! Antoinette sait tout.

Et l’odieuse négresse se mit à ricaner.

— C’est ma vengeance à moi ! ajouta-t-elle en sifflotant d’une lèvre narquoise.

— Ah ! c’est ta vengeance, m’écriai-je, eh bien ! tu vas voir la mienne. Zozo, dis-je, Troussot, laissez Antoinette, je me charge d’elle, mais saisissez-vous de Zinga ; et conduisez-la dans la cour noire.

Elle eut un tressaillement et perdit son sourire.

— Maîtresse, suis libre !

— Je m’en moque pas mal que tu sois libre ou esclave !

— Toi peux pas me châtier. N’en as pas le droit !

— Eh bien, tu vas voir si je n’en ai pas le droit, canaille ! tu vas mourir ! Je suis la maîtresse ici.

Elle poussa un rugissement de bête qui, répété d’écho en écho, se prolongea dans la vallée comme un sanglot immense. Mais l’excès de sa terreur soulageait ma peine et je repris :

— Tu vas mourir, mais pas avant d’avoir souffert, d’avoir expié tes attentats, tes trahisons. Oh ! la mort serait trop douce pour toi. Oh oui ! tu vas mourir.

Je la vis frissonner, mais bientôt, rassemblant ses forces, elle poussa un suprême appel :

— Figeroux ! à moi ! à moi, Figeroux !

— Amenez Figeroux ici, dis-je à Zozo, elle l’appelle à son secours ; il est donc son complice. Il va mourir avec elle. Allons, courez le chercher. Et s’il