Page:Rebell - Les nuits chaudes du cap français, 1900.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


rière aux saluts de l’assistance. Allons venez vite. J’ai besoin de vous !

Montouroy, les yeux inquiets, les gestes empressés, se hâta de sortir du salon et de rentrer dans la chambre de la négresse. Dodue se coucha d’abord sur le dos, puis sur le ventre ; elle avait découvert son corps vaste, elle semblait le présenter à l’adoration de Montouroy, qui s’agenouilla devant lui.

— Lèche-moi, Toutou ! dit-elle. Lave-moi. Décrasse-moi avec ta langue. Les esclaves ne savent pas, et moi je suis trop paresseuse. Vois, je suis pleine d’ordure et de poussière.

Montouroy prit d’abord les pieds, et sa langue habile et souple en fouillant les doigts, en caressait les ongles, provoquait chez Dodue des tressaillements, de petits cris, des rires ; puis la langue vipérine monta le long des jambes fortes et vint s’attarder aux courbes, aux larges ombres, aux replis énormes de la chair comme si la nuit de ce corps attirait Montouroy et qu’il prît plaisir à s’y enfoncer de plus en plus, à y oublier jusqu’à son sexe, à devenir une bête inconsciente et joyeuse de son asservissement. Et, durant ce nettoyage bizarre, Dodue était aussi libre avec lui que si je n’eusse pas été près d’elle et qu’il n’eût été qu’un chien. Elle laissait s’accomplir sans honte, peut-être même provoquait-elle par une grossière malice, les mouvements de ses organes. On eût dit que, dans son étrange orgueil, les impuretés même de son corps lui procuraient un triomphe.

Le dégoût me soulevait le cœur ; j’étais tellement