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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


les violentes ardeurs de l’Afrique ; ceux qui ne travaillent que sous la surveillance du commandeur, au sifflement des rigoises et la chaîne aux pieds. Par quelle étrange aberration les avait-on lâchés ainsi ? On ne voyait point de gardes de la milice, ni de blancs, ni même de ces esclaves policés qui ont pris auprès de nous nos mœurs, notre costume et nos façons de vivre. Point, non plus, de serviteurs ni de marchands sauf ceux qui s’étaient installés pour la journée. Des têtes ricaneuses et féroces d’un noir luisant comme le bronze, sans cheveux ou bien couvertes d’une laine frisée, des têtes aux yeux blancs, grands ouverts, fixes, aux narines larges, à la bouche grasse, tendue dans un rire continu et montrant des dents menaçantes, m’apparaissaient telles que ces faces d’animaux inconnus que nous voyons dans nos insomnies, sans âme et toutes semblables ; elles me frôlaient, me reniflaient ainsi que des chiens, semblaient vouloir me happer et me mordre. Je me croyais la proie de quelque horrible cauchemar, car les têtes se multipliaient à l’infini, me regardant de leurs gros yeux immobiles, avec un rire incessant. Elles semblaient de plus en plus animées de joie furieuse et comme de délire ; les bouches d’abord muettes, puis grommelantes, devenaient orageuses ; on sentait que le mouvement des vagues humaines était plus rapide, plus violent, comme lorsque l’on quitte les rivages pour la pleine mer. D’instant en instant elles me heurtaient et me pressaient davantage.

Deux jeunes blanches qui s’étaient aventurées dans