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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


belles que moi ? Je suis noire, c’est vrai, mais tu te souviens de la chanson : « Il y a longtemps, longtemps, tout le monde était noir. » Je suis d’une meilleure race que tes faces à la crème. Vois donc si les blanches ont des nênets comme ceux-ci !

Elle ouvrait sa chemise et montrait ses seins, larges et rigides, puis, comme il avançait les lèvres, elle évita son baiser en riant. Elle n’avait plus envie de partir. Vite elle laissa couler candale et jupe ; vite la toile fine dont elle était enveloppée se roula, se froissa autour de ses pieds, et elle apparut comme une idole de bronze. Un instant elle jouit de l’admiration de Dubousquens qui devant cette superbe nudité avait abandonné ses airs d’orgueil et d’insouciance, et l’attirait, la bouche avide, les yeux brillants ; mais bientôt l’idole s’anima ; le corps s’échappait, se lançait en des jeux sveltes et gracieux. Dubousquens tendait les mains, ou les fermait sur le vide, il ne pouvait la saisir ; Zinga courait par la chambre, se glissait derrière les meubles, les jetait au-devant de lui avec des rires gutturaux pareils au cancannage des jeunes aras. Et ses bonds, ses détours, ses glissades, semblaient n’être qu’une malice voluptueuse pour projeter, faire saillir davantage les magnificences du sexe, que la gracilité de son buste rendait plus apparentes : cette croupe vaste qui se tendait menaçante et narquoise, ces seins énormes qui semblaient écraser la poitrine. Enfin il l’étreignit, mais comme pour assurer sa défaite. Il l’avait prise à bras le corps sur le canapé, et elle semblait lutter