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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


mière des torches qui brillaient dans la nuit ; des nègres aux physionomies féroces, qui ressemblaient plus à des bêtes sauvages qu’à des hommes, avaient commencé à lui lier les mains ; elle entendait autour d’elle des cris et des gémissements ; elle voulut se débattre, on la maîtrisa, on lui mit un bâillon, on la frappa ; elle s’est évanouie de terreur sous les coups.

— Et vous avez fait rechercher les assassins, n’est-ce pas ? et, malgré tous vos efforts vous n’avez pu les découvrir ?

— Non, fis-je, effrayée de cette question.

— Moi, j’ai été plus heureux, je connais le nom de l’assassin. Oui, un esclave que le misérable a voulu rendre complice et qui n’a été que témoin, m’a tout raconté.

Je sentis un frisson courir dans tout mon corps, et ce fut d’une voix tremblante que je demandai :

— Qui est-ce donc, docteur ?

— Figeroux, oui, c’est Figeroux qui a machiné cet horrible guet-apens, comme c’est lui qui a assassiné le frère de Mme Lafon, Mettereau, dont il était l’intendant.

— N’accusez vous pas sans preuves ? m’écriai-je presque soulagée.

J’avais craint un instant qu’il ne prononça mon nom.

— Comment, lui dis-je, si tout cela est vrai, Figeroux n’est-il pas arrêté ?

— Le témoignage d’un seul homme, répondit-il, surtout d’un noir, n’a pas de force contre la dénéga-