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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


che, trop ingénue pour être coupable, acheva de m’enlever mes inquiétudes, et voyant que je ne me fâchais pas, elles me racontèrent leur soirée, avec une vive abondance de détails inutiles et gracieux.

— Nous nous sommes bien amusées, allez ! madame, Zinga nous a appris à faire du gâteau galeux… c’est un vilain nom, mais c’est follement bon. On prend une livre de farine, une demi-livre de beurre et trois œufs, mais il faut que l’œuf soit sans blanc, et puis vous détrempez la farine avec du lait froid, et puis vous roulez la pâte, et puis… Ah ! je ne me souviens plus, tu sais, toi, Antoinette ?

— Mais oui, seulement tu t’es trompée ; on prend aussi du fromage fait, tu ne te rappelles rien !

— Moi, je m’en moque… de la cuisine, seulement je l’aime ; si vous n’aviez pas dormi, madame, on vous en aurait donné à goûter. C’était adorable !

— Prodigieux, ajoutait Antoinette. Ah ! vous avez bien manqué.

— C’est que nous avons dansé, le soir, après le goûter, et de jolies danses, celles des négresses. Si vous aviez vu les contorsions de Zinga, on crevait de rire !

— On ne peut rien voir de plus drôle que la calenda !

— Et la chica ! Elles se tortillent comme cela ; on dirait qu’elles ont la colique.

— Mes enfants, ai-je observé, ces danses de négresses sont très inconvenantes ; j’avais défendu plus d’une fois à Antoinette de danser avec nos escla-