Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bene, vous êtes aussi ignorant qu’une oie, mais vous parlez mieux que saint Jean-Bouche-d’Or. » Je lui répliquai : « Où se trouve de l’esprit naturel, mon père, la science est inutile… » Tenez, je commence le sermon…

Mais Polissena, montrant les dents comme une petite chienne en colère, plaqua la paume de sa main sur la bouche du frère à lui enlever le souffle, tandis que, de sa main libre, elle lui donnait une claque retentissante à travers le visage.

Cependant Nichina avait repris son histoire :

Durant les premiers mois que je passai au palais Benzoni, je n’eus point à me plaindre, parce que Guido ne me quittait plus. On nous instruisait ensemble et, d’apprendre tant de choses nouvelles à côté de mon ami, c’était pour moi un double plaisir. Par malheur, nous recevions un enseignement si divers, des notions si incohérentes que notre esprit en gardait un trouble et une insurmontable inquiétude.

L’abbé Coccone, chaque matin, nous faisait répéter des prières et nous prescrivait de n’en pas manquer un mot. Il nous montrait comment l’on doit s’agenouiller chez soi, à la messe et quand passe la procession. Il nous apprenait quelles pieuses pratiques il importe de ne point négliger à l’aube ou au soleil couchant. Enfin il nous contait la vie des saints, nous révélait par quels tours adroits on arrive à les attendrir, à capter leur confiance et à obtenir leurs faveurs.

Lorsque nous sortions de l’appartement de l’abbé, frère Gennaro, qui nous guettait, nous saisissait le bras.