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de ne point retourner chez les Frères mineurs et son désir de vagabonder dans les ruelles mal famées où le poussait sa soif de vin et de baisers. Je ne voulus point l’accompagner, mais craignant, moi aussi, de retourner au couvent, où l’on ne pouvait manquer de m’imposer une rude pénitence, j’allai trouver mon secours et mon conseil, l’ennuyeux mais indispensable abbé Coccone.

Nérina, la jeune servante, vint m’ouvrir, les joues en fleur, l’haleine chaude, toute guillerette.

— N’est-ce pas vous, me demanda-t-elle, qui avez assassiné votre maîtresse ?

— Comment ! dis-je, surpris et accablé de cette réception.

— Sainte Vierge ! ce sont des choses qui arrivent ! Il ne faut pas en être honteux. Tenez, moi qui vous parle, il y a quinze jours à peine que je suis mariée et j’ai déjà envie de tuer mon mari.

— Oh ! repris-je, attendez au moins jusqu’à la fin de l’année. Ce sera plus convenable. Et l’abbé Coccone est ici ?

— Il est à Rome.

— Il a terminé son histoire de saint Pierre ?

— Non. Mais il vient de faire épouser à son neveu une dame laide et une grosse dot. Son neveu, vous le connaissez bien, n’est-ce pas ? ce jeune gringalet qu’on voyait toujours assis sur les marches du palais Guarini, où il achevait d’user les vieilles culottes de son oncle ? À présent, l’abbé espère bien rentrer dans ses charités et il a veillé lui-même à ce qu’on ne l’oubliât point dans le contrat.

— Et que fait-il à présent ?

— Il s’occupe d’obtenir le chapeau de cardinal.

J’étais fort ennuyé de ce contre-temps. Je songeai