Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/467

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de grosses dames et de jeunes filles qui se jetaient les unes contre les autres dans leur précipitation de se rendre utiles.

Du jardin, sous l’averse, nous entendîmes le Doge entrer.

— Ma chère Nichina, dit-il, je vous baise la main.

— Et moi, je ne vous baise rien du tout. Est-ce poli de venir chez les gens, à cette heure, trempé comme vous êtes. Vous allez m’inonder toute ma maison. Et puis, ne vous imaginez pas que vous passerez la nuit à faire le joli cœur. Je suis fatiguée. Je vous tourne le dos et je dors.

Arrivabene s’était arrêté sur la route devant la terrasse. Je crus qu’il récitait les litanies de la Vierge.

— Ribaude ! criait-il, gouge ! crasse ! puanteur ! raccrocheuse de poux ! grenier de maladies ! ouvrière d’infection !

— À qui parles-tu ? demandai-je.

Mais il continuait à crier sous la pluie :

— Ordure de Nichina ! puisse-t-on te sangler en pleine Mercerie ! puisses-tu pourrir dans un cachot ! puisse le Diable te mettre dans le derrière un fer rouge qui te consume lentement, puisse…

— Ah ! dis-je, Arrivabene, comme tu as l’estomac peu reconnaissant !

— Je n’admets pas les demi-hospitalités, répliqua le frère ; si on vous emplit le ventre, il ne faut pas qu’on vous fasse tremper la peau. Moi qui, justement, ai laissé mon manteau dans cette maison damnée !

— Au lieu de t’épuiser en injures, il serait plus sage de chercher un abri.

En ce moment, nous vîmes sauter au milieu de nous un petit moine encapuchonné, qui portait une lanterne :