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ÉPILOGUE

AUX JARDINS DE MURANO


Ayant parlé de la sorte, Nichina, pour sa récompense, voulut profiter du privilège dont elle jouissait d’être toujours élégante et de pouvoir se permettre les plus audacieux mouvements sans choquer l’assistance. Elle bâilla, s’étira, poussa un soupir, fit craquer son corps de jupe, tendit ses belles chairs sur son siège, appuya ses coudes sur la table et colla ses mains à ses joues. C’est ainsi qu’ayant eu le bonheur d’avoir deux pères, l’un donné par la nature, et l’autre par la loi, elle mêlait avec agrément leurs façons, rappelant tantôt le cardinal Benzoni, tantôt Lucio Ferro le cordonnier.

— Voilà mon histoire finie, dit-elle, et j’en suis heureuse, car le temps est venu d’aller dans son lit se reposer ou se divertir avec de beaux rêves.

Nous nous approchâmes tous pour féliciter la conteuse. Arrivabene lui-même, malgré sa mauvaise humeur, sut trouver un compliment.