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Guido est à moi, à moi ! entendez-vous ? Ah ! vous venez chercher mon bien-aimé, et vous vous imaginez que je vais vous le livrer comme cela, l’abandonner à vos outrages !

— Certainement, répliqua le bargello, c’est l’ordre.

— Tiens ! voici le cas que j’en fais de ton ordre !

Et, le lui arrachant des mains, je m’en essuyai le derrière.

— Qu’on arrête cette femme ! commanda-t-il.

Mais moi, me couchant sur le corps de Guido :

— Venez donc nous prendre ! m’écriai-je.

Il y eut un combat entre les hommes qui avaient apporté le cercueil, mes serviteurs et les zaffi. Pour moi, je me sentis tout à coup enlevée par les jambes et les épaules et jetée brutalement par terre. Puis, j’entendis tous ces gens descendre très vite dans le jardin. La chambre était déserte et le cercueil vide. Me relevant aussitôt, je courus à la fenêtre et j’aperçus les zaffi qui arrachaient à mes domestiques le corps de Guido et le lançaient sur une civière. Je tombai évanouie.

Quand je repris connaissance, j’étais couchée sur mon lit et auprès de moi se trouvait le médecin qui dormait. Une image effrayante me poursuivait sans trêve. Je voyais Fasol tout ensanglanté, hurlant de douleur dans la chambre de torture, tandis qu’il criait et maudissait mon nom. Songeant à l’amour que Fasol avait pour moi, je me désespérais de l’avoir accusé.

— Docteur, appelai-je.

Le médecin se réveilla en sursaut.

— Docteur, dis-je, je veux partir pour Venise. Et vous direz au Conseil des Dix qu’il n’y a pas eu d’empoisonnement.