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m’emplissait d’une joie infinie maintenant que mon maître était aussi mon Dieu.

Tant d’amour devait chasser enfin les obscènes fantômes qui séparaient nos âmes brûlantes et façonner nos deux corps l’un pour l’autre. Ô merveilleux instant où nous nous unîmes de toute notre passion, de toute notre jeunesse !

— Nichina, disait-il, Nichina, je veux t’appeler ma chère petite maman, parce que tu m’as rendu l’existence et que tu m’as donné une nouvelle âme.

— Mon cher petit enfant, lui répondais-je, en le serrant plus fort contre moi, ce que je t’ai donné est bien peu de chose si je le compare à l’amour immense que j’ai pour toi ; mon cher petit Guido, je voudrais que tu eusses besoin de ma vie pour t’en faire le sacrifice.

— Et moi, chère bien-aimée, que puis-je te donner qui te prouve combien je t’aime !

— Ô Guido, donne-moi ta tristesse, donne-moi ta peine, et garde seulement la joie car, en te voyant heureux, je serai heureuse moi-même.

Son regard chargé de désir, errait sur mon corps, et ses lèvres enchantées, suivant ses yeux, m’adoraient, à chaque place, de leurs baisers.

Alors, à mon tour, posant ma bouche sur ses cicatrices :

— Vilaines blessures, leur disais-je, je vous hais parce que vous avez torturé mon Guido, mais je vous aime aussi de me l’avoir rendu.

Puis, tout en l’embrassant, je lui demandais, pour apaiser une inquiétude :

— Eh bien ! mon chéri, tu n’as plus peur du passé, n’est-ce pas ?

— Je n’ai peur de rien puisque je te possède.

— Et tu ne penses plus au Christ ?

— Je ne pense qu’à toi.