Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un minutieux examen. Il vous eût conduit dans la tombe avant peu. Mais, heureusement, rien n’est perdu. Avez-vous du courage ?

Comme Guido se montrait résolu à supporter les plus pénibles opérations, Fasol alla prendre divers instruments qu’il avait apportés avec lui et revint vers son malade. Il commença d’élargir la plaie pour la nettoyer et en faire sortir le pus. En sentant le froid de l’acier pénétrer dans sa chair, Guido ne sut se défendre de pousser un cri. Mon cœur battit alors vivement, je courus à Fasol et lui arrêtai le bras.

— Barbare ! m’écriai-je.

— Tiens-tu à ce qu’il vive ? répliqua-t-il.

Je ne répondis rien et j’allai pleurer dans une autre chambre, ne pouvant supporter de voir Guido souffrir.

Fasol montra un dévouement et une habilité admirables. Personne n’eût pensé, à le voir, qu’il soignait un rival. Comme s’il avait enfin triomphé de son amour, il ne semblait point me garder de ressentiment. Il ne se bornait point à son rôle de médecin ; il essayait aussi de faire oublier son mal au pauvre blessé en animant les conversations de toute sa verve, de toutes les apparences d’un esprit insouciant et joyeux.

La guérison s’achevait rapidement. Le visage avait repris ses couleurs ainsi que ses lignes nobles et belles. Les plaies des jambes n’existaient plus ; la blessure du côté, la plus dangereuse, se fermait. La respiration, la parole devenaient faciles, et la fièvre disparue laissait place à toutes les ardeurs de la santé. Bientôt Fasol permit à Guido de sortir et, un jour qui fut pour moi d’une ivresse infinie, mon ami descendit dans le jardin appuyé à mon bras. Nous nous promenâmes en des allées emplies des odeurs chaudes de l’été. Fasol, qui marchait devant nous, de temps à