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TROISIÈME PARTIE

LA PASSION DE LA NICHINA


Fasol avait les emportements d’une virilité puissante et la grande ivresse de ma beauté. Mais son âme demeurait tranquille près de moi. Il ignorait les caresses, l’enlacement tendre, les petits mots qui fondent sur les lèvres comme des dragées. Avec le plus admirable corps que j’eusse vu, il ne me causait au lit que du dégoût. Je lui disais souvent :

— Toi, tu n’as jamais pleuré, tu n’as jamais aimé, tu n’as pas de cœur, tu n’es pas un homme !

Il me regardait avec une douceur méprisante et ne me répondait pas.

On racontait pourtant que, naguère, il avait eu une femme qu’il avait adorée et qu’il ne s’était point consolé de l’avoir perdue. Mais je ne voulais pas le croire. Il avait de cette femme un enfant qui vivait avec sa grand’mère à la campagne et dont il ne parlait point.

Un jour, en ma présence, il fit à l’un de ses amis cet aveu :