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— Mais lâchez-moi ! lâchez-moi !

— Oh ! oh ! oh ! continua-t-il, elle est montée sur l’escabeau de la chaire, l’escabeau où s’assoit monsieur le curé pour lire le prône. Non ! on n’imagine pas une pareille impiété !

Il me prit à bras le corps, me mit brutalement à terre, puis, me tirant l’oreille, il me demanda ce que je faisais là. Honteuse de lui avouer la vérité, si simple qu’elle fût, je ne savais que lui répondre, quand une dame corpulente et vénérable s’avança vers le sacristain.

— Cette jeune fille est avec moi, dit-elle, excusez-la : elle cherchait sa bague qui lui était tombée du doigt. Tenez, voici pour votre dérangement.

L’homme, étonné, prit la pièce qu’on lui tendait, s’excusa et disparut après s’être incliné devant moi très respectueusement. Comme j’allais remercier ma protectrice, elle me saisit le bras et m’entraîna sur la place Saint-Jean. Rendue là, je l’examinai : avec la cape qui lui couvrait le front, le long voile qui lui cachait le visage, elle ressemblait à ces bonnes pizzocchere qu’on voit, le cierge à là main, suivre les processions.

Au mot de pizzocchere, Madame Petanera bondit.

— Ne nous parlez pas, s’écria-t-elle, de ces chieuses d’encens qui n’ont plus de salive à force de radoter des Ave et qui se sont installées chez le bon Dieu comme dans une hôtellerie, le payant de patenôtres du matin au soir et d’une chandelle de vieille cire à Pâques ou à la Trinité ! C’est le Diable qui se cache sous leurs voiles et qui, après avoir séjourné trop longtemps entre leurs vilaines jambes, remonte