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— Vous avez raison. N’a-t-il pas coutume de répéter : « Quand le pouvoir ecclésiastique est corrompu tout entier, on doit s’adresser au Christ et lui dire : Tu es mon confesseur, mon évêque et mon pape. »

— Allez donc le chercher et dépêchez-vous. Nous n’avons pas de temps à perdre. Vous entendez le bruit que font ces misérables !

L’abbé monta en toute hâte à la cellule où, depuis la veille, Gennaro restait en oraison, agenouillé devant une tête de mort sur laquelle, sans doute, il essayait de modeler ses traits.

— Mon frère, dit l’abbé, une émeute vient d’éclater devant le palais. Comme vous possédez la faveur du peuple, nous avons pensé que vous sauriez, mieux qu’un autre, l’apaiser.

Gennaro laissa voir dans sa physionomie tout l’orgueil que lui causaient ces paroles.

— Je viens, je viens ! s’écria-t-il. Je suis toujours prêt à ramener au bien le peuple qui s’égare. Notre-Seigneur m’a fait la grâce, et je l’en remercie, d’avoir l’oreille de ces gens simples et de connaître le chemin pour arriver à leur cœur.

Dès que le cardinal vit le frère descendre, il fit un signe ; on ouvrit les portes toutes grandes et, à la façon d’un héraut, un domestique, suivi d’une dizaine d’hommes en armes qui repoussèrent la foule, s’avança au haut de l’escalier et cria d’une voix forte :

— Monseigneur livre le frère coupable à la justice du peuple !

Des applaudissements et des sifflets accueillirent cette déclaration. Les plus audacieux vauriens, qui déjà songeaient à piller le palais, voulurent coûte que coûte y pénétrer, mais ils furent repoussés à la pointe des hallebardes.

Tout à coup Gennaro apparut en levant au-dessus