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sœur devait faire un marché avec la fermière. Rendue là-bas, voici que Charlotte aperçoit un âne qui était attaché à la barrière ; pendant que la religieuse et la paysanne faisaient leurs comptes, ma Charlotte, qui n’a peur de rien, détache l’âne, casse une branchette, saute à califourchon sur son dos et hop ! hop ! à grands coups de badine, elle le fait trotter : mais mon âne ne voulait pas aller où Charlotte le conduisait ; le voici, tout d’un coup, qui se met à galoper vers un champ voisin. Il brise la clôture, saute dans le champ et court sur une ânesse qui était à paître. Charlotte, avec épouvante, le voit se dresser tout debout et se jeter sur le derrière de l’ânesse qui lève la tête mais ne bouge pas. La pauvre fille se tenait à grand-peine, embrassait le cou de l’animal et lui serrait les flancs le mieux qu’elle pouvait ; soudain l’âne retombe, les deux pattes en avant, sur la croupe de l’ânesse, tandis que son arrière-train se met à s’agiter et lâcher des pétarades comme un vrai derrière de roussin. Mais Charlotte, qui n’avait pas envie de rire, poussait des cris terribles qui ont fait accourir à son