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vertu de ces lanières, je vous le prédis, si vous continuez à vous conduire comme vous l’avez fait jusqu’ici. Voyez, les bas que je vous avais donnés à tricoter, ils ne sont pas encore achevés ! Si, ce soir, vous ne les avez pas finis, vous aurez du martinet, soyez-en sûre. Pour le moment, qu’il vous suffise de regarder l’instrument, vous saurez ainsi à quoi vous vous exposez par votre paresse et votre désobéissance.

Jamais je n’avais été si humiliée, je ne touchai pas au dîner, malgré les ordres et les menaces de ma tante. Je sentais arrêté sur moi le regard narquois de Rosalie, et j’eusse voulu rentrer sous terre. Aussi je travaillai toute la journée à ces bas, sans oser lever les yeux. Quand le soir je les eus achevés, je les montrai à ma tante qui me dit :

— Allons, c’est bien, quand vous vous conduirez comme vous le devez, vous savez que vous n’aurez rien à craindre de moi, je ne serai sévère que lorsque vous m’y contraindrez.

Malgré ces paroles, l’impression du matin ne s’est pas dissipée, je sens que je suis au pouvoir d’une femme qui peut,