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reprend, elle se contente d’éclater de rire quand Valentine lance une de ces réparties extraordinaires dont elle a le secret.

La nourriture, les vins de plusieurs sortes que nous avons pris, la longueur du dîner, la chaleur du jour, l’animation de la causerie, nous avaient donné quelque fatigue ; et nous fûmes heureuses de prendre l’air. Tandis que ma tante se promenait avec madame Dangevert, je fis visiter à Valentine le jardin. Comme nous passions dans une allée ombragée, voici que Valentine se jette à mon cou, me donne un baiser sur la bouche, tandis que sa main me touche entre les jambes. J’étais toute confuse, je regardai Valentine avec frayeur, comme si elle avait été le diable, mais elle était si jolie, avec ses dents et ses yeux brillants, que je l’embrassai à mon tour, tout en chassant sa main de l’endroit où elle l’avait mise. Nous allions ensuite nous asseoir dans la charmille. Valentine me dit :

— Ferme les yeux et ouvre la bouche. Je lui obéissais comme un petit chien, je fis ce qu’elle me demandait. Je sentis aussitôt qu’elle me mettait la langue dans