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m’occuper de vous si vous refusez l’homme que je vous ai choisi. Je vous donne la fin de la semaine, c’est-à-dire quatre jours pour vous décider.

Là-dessus ma tante sortit et m’enferma dans ma chambre. Je compris qu’elle ne me laisserait pas même la liberté de m’enfuir, qu’elle me contraindrait à ce mariage répugnant. Un moment je songeai à m’échapper en liant mes draps à l’appui de ma fenêtre, cela était possible la nuit, mais il fallait, pour sortir du jardin, avoir la clef de la grille, trouver une échelle ; pour cela passer dans la cuisine où couchait la domestique, une nouvelle fille, Benjamine, qui était fort mal disposée pour moi. Je renonçai vite à mon projet et m’abandonnai au désespoir. Je me jetais sur mon lit, je pleurais, je me frappais la tête contre les murs, je voulais me tuer et je n’osais pas. À un moment je déchirai ma robe, ma chemise, mes jupons. Je m’égratignai la face, je donnai des coups dans les meubles, j’arrachai et je piétinai des tableaux. Quand ma tante, en revenant l’après-midi m’apporter mon repas, vit ce que j’avais fait, elle ne se contint plus.