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semblait ignorer qu’elle avait un derrière. J’en étais réduite au mien. Et malheureusement il n’y avait pas de Manon chez les religieuses de Corbeil, de sorte que je ne pouvais lui dire bonjour et bonsoir que par mes doigts. Je n’y manquais pas. Nous couchions dans une grande salle, mais mon lit était rapproché de celui de la sœur qui était chargée de nous surveiller et couchait avec Germaine. La religieuse s’appelait mère sainte Ildefonse. C’était une grosse fille de campagne, encore jeune, rouge, corpulente tout en étant encore fort alerte, aimant gronder et fesser, claquant à pleines et solides paumes, mais sans trop de cruauté pourtant. Naturellement, Germaine, qui était une petite sainte et ne jouissait qu’en rêvant au paradis, avait toutes les faveurs de la sœur. On ne lui levait point les jupons, on ne les lui avait même jamais levés ; et si elle faisait quelque faute, on se contentait d’une petite remontrance sans jamais toucher ni à ses joues, ni à ses fesses. Moi, j’empochais pour deux. Mais ce qu’il y avait de singulier, c’est que tandis que les fessées administrées par les sœurs m’étaient infini-