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L’Aumônier


lui être désagréable. Au dîner, il avait attaqué les ordres religieux et le clergé avec la fureur qu’il montre d’ordinaire lorsqu’il aborde ce sujet.

« — Ces prêtres que tu ne peux souffrir, lui dis-je tout à coup, n’ont pas votre âme sèche et brutale d’universitaires. Ils sont tendres, prévenants, amoureux.

« — Comment peux-tu le savoir ? me demanda-t-il.

« — Mais tu sais bien, lui répondis-je, que j’ai été élevée par des religieuses. Je voyais — c’est tout naturel — l’aumônier du couvent. Je me confessais à lui. Je l’aimais beaucoup, et il me témoignait lui-même la plus vive affection. Ah ! je l’ai bien regretté, je le regrette encore ! »

Ce fut tout ce que je lui dis ce soir-là, mais je sentis bien que je l’avais offensé, quoiqu’il ne m’eût soufflé mot. La blessure était faite, et j’allais, souvent sans le vouloir, l’élargir.