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Reine de Mai

En attendant que la vocation de Gringalette lui fût clairement révélée, il s’occupait surtout de Juzaine. Mais à voir avec quelle exactitude attentive il dirigeait les exercices, on n’eût rien deviné de la tendre affection qui l’attachait à l’enfant. C’était un maître sans indulgence, soucieux seulement de développer et de mettre en valeur les talents de son élève. C’était peut-être aussi plus qu’un maître.

Chaque jour, dans l’après-midi, un valet d’écurie amenait Reine de Mai, la jument blanche, dans l’arène ; elle s’arrêtait brusquement en secouant deux ou trois fois sa belle tête et en s’ébrouant pour se préparer à la course. Alors, toute légère, toute fine, sous une grosse robe en toile, pliant sur ses jambes, puis bondissant très haut, mue, eût-on dit, par des ressorts, arrivait Juzaine. Le valet lui tendait le creux de la main pour qu’elle y mît le pied et sautât sur le cheval.