demeurait tout de même une maîtresse indépendante,
railleuse, parfois impitoyable, toujours
sans gratitude pour celui qui lui procurait
du plaisir. Obligée à la suite d’un scandale, et
pour compenser des prodigalités excessives,
d’aller vivre quelque temps sur les terres de son
mari, elle avait essayé de retrouver aux environs
de Kalouga les amusements de Pétersbourg et
choisi Soubotcheff parmi tous les jeunes gens du
voisinage pour être le serviteur docile de ses
fantaisies. Habitué à l’existence monotone d’une
ville de province, Soubotcheff ne se sentait pas
d’orgueil d’avoir été distingué par une telle
femme. Elle n’avait pas eu besoin d’un effort
pour le plier à son caprice ; il lui obéissait naturellement ;
il était devenu avec délices son esclave.
Mais le zèle n’empêche point la maladresse, et Soubotcheff était un amant aussi inhabile que dévoué. La princesse, pensa-t-il, se doutera de