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Causerie imprudente

« J’appartenais alors au bureau de Santousky et je fus chargé d’assister à un bal que donnait la princesse Youssoupoff, connue pour ses opinions libérales, même révolutionnaires, et ses relations avec la société cosmopolite de Pétersbourg.

« Délaissant les salons de danse et de jeu, j’avais pénétré avec deux ou trois officiers dans une sorte de boudoir où causaient plusieurs jeunes femmes. L’une d’elles, que sa beauté, ses dentelles, ses joyaux, notamment un merveilleux collier de perles grises et roses, me firent aussitôt remarquer, avait une singulière hardiesse de langage, et étonnait, amusait tout l’entourage par l’esprit et parfois l’étourderie impertinente de ses réparties. On vint à parler du dernier attentat.

« — Oh ! s’écria-t-elle, si nous n’avions plus notre petit père[1], ce ne serait pas un grand

  1. Le Czar.