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La Comédie chez la Princesse


pieds avec l’attention injurieuse d’un fêteur en quête d’une compagne nocturne ou le souci minutieux d’un maître musulman qui veut acheter une esclave saine, solide et bien conformée.

Sous ce regard impudique et retrousseur qui détaillait son corps, en violait les charmes secrets, et lui donnait l’impression, malgré jupes, fourrures, étole, d’être nue comme une pauvre créature que le besoin d’une pièce d’or contraint à se livrer aux caprices brutaux d’un débauché, la princesse serrait les dents de rage et pouvait à peine maîtriser sa colère. Elle essaya toutefois, pour donner le change à ses visiteurs, de jouer l’indifférence et de lancer la causerie sur les plaisirs et les ennuis de Kalouga, mais son esprit, si brillant d’ordinaire, parut terne ou distrait ; ses paroles devinrent étranges ; et comme on n’y répondait que par politesse, la conversation traînait. Il y eut de longs et pénibles silences.

Elle se leva tout à coup.