Page:Rebell - Gringalette, 1905.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
Les Révoltées de Brescia


camp, et lorsque je revins à ma garçonnière de la rue d’Alger, je l’emmenai avec moi.

« Elle était blessée et je ne savais pas trop ce que j’allais en faire ; mais la grâce qu’elle conservait dans son costume masculin, en dépit de ses allures d’insurgée, m’avait ému ; je ne pouvais à présent l’abandonner.

« À mon arrivée je la couchai, je lui donnai les premiers soins, et le lendemain un médecin que j’appelai, après un examen sérieux me déclara la blessure de la fillette sans gravité, causé seulement par l’effleurement d’une balle qui avait déchiré la peau sans pénétrer dans le corps. Elle se remit vite ; quelques jours après elle était sur pied.

« Allais-je la renvoyer ? Je ne pouvais m’y décider. À la voir chaque jour je m’étais attaché à elle, à son joli visage, à ses gestes gentils ; il me paraissait difficile de m’en passer. Elle pouvait avoir quinze ou seize ans au plus ; je