Page:Rebell - Gringalette, 1905.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
Les Révoltées de Brescia

« L’année dernière j’ai commis une grande sottise. Mes soldats venaient d’enlever la barricade de la rue Tiquetonne. Ils avaient saisi plusieurs gamins de quatorze à quinze ans dont les mains noires de poudre montraient qu’ils avaient tiré sur nous. Mes hommes étaient exaspérés ; ils voulaient passer grands et petits par les armes. Je m’interposai. Les écrivains révolutionnaires ne m’ont point reproché une férocité extrême. Je dis aux soldats : « Faites grâce aux mômes ; ils sont plus bêtes que méchants ; déculottez-les et donnez-leur une fessée un peu rude, qui leur servira de leçon ; c’est tout ce qu’ils méritent. » Ce genre de punition amusa les soldats et les rendit moins cruels. Je ne dis pas toutefois que leurs mains furent douces aux coupables qui en voyant abaisser leur pantalon poussaient des cris indignés comme si on les eût pour toujours déshonorés.