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Les Révoltées de Brescia


promenions dans les jardins que venait d’arroser une légère ondée matinale ; le soleil en buvait la fraîcheur, fondait les perles suspendues aux branches, répandues sur les pelouses et les feuillées. Nous goûtions avec délices la douceur de l’air quand un cri suivi de gémissements, vint troubler notre plaisir.

— C’est un de mes jardiniers, nous dit le prince, qui est en train de corriger sa petite servante. Il la fouette souvent car elle a un fort mauvais naturel ; elle est aussi insolente et désobéissante que gourmande et paresseuse. Aussi je ne lui reproche point de la châtier ; si on ne lui donnait de temps à autre sur le derrière, cette enfant deviendrait avec l’âge une coquine accomplie. Je vous avouerai que je ne suis point opposé aux châtiments corporels. J’imagine que c’est le seul moyen de mettre en harmonie avec les lois sociales la cruauté inhérente à l’homme. J’ai observé que mon jardinier avait