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ACTE I, SCÈNE I.

Et s’ils ont quelquefois combattu pour la France,
Ils voulaient par leur gloire affermir leur puissance.


LE CHANCELIER.


Le roi depuis long-temps est irrité contr’eux ;
Ses soupçons surveillaient leurs complots ténébreux.
Nous avons découvert qu’un pacte affreux, impie,
A remplacé les lois de la chevalerie ;
Dans leurs rites secrets blasphémant l’Éternel,
Pour renverser le trône ils attaquaient l’autel[1].
La vengeance du roi serait terrible et prompte ;
Mais ce sont des Français, il veut cacher leur honte ;
Il se borne a détruire un ordre dangereux :
Qu’ils se montrent soumis, il sera généreux.


LE MINISTRE.


Non, plus de templiers ! tous ont cessé de l’être
Alors que sous le joug d’un vainqueur et d’un maître,

  1. L’accusation contre les templiers supposait que d’après les nouveaux statuts qui avaient remplacé l’ancienne règle de l’ordre, le chevalier récipiendaire était obligé de renier Jésus-Christ, de cracher sur la croix, et de souffrir des libertés criminelles qui devaient autoriser ensuite la dépravation de ses mœurs. (Voyez les cent vingt-sept chefs d’accusation que Clément V publia contre eux.)