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DES TEMPLIERS


morts de faim, et que le désespoir en avait porté d’autres à se détruire (1)[1].

Il eût été très important que Jacques de Molay parût devant le pape, qui se réservait le droit de prononcer sur le sort de ce chef de l’ordre, et de quelques autres. Sans anticiper sur les détails relatifs au grand-maître, je dois remarquer qu’on éluda cette entrevue qui aurait pu jeter un si grand jour sur l’affaire : on nomma des commissaires pour interroger à Chinon le grand-maître et d’autres chefs de l’ordre.

Il est évident qu’on ne voulut présenter au pape que quelques chevaliers, dont on fût très sûr, c’est-à-dire les mêmes qui, apostats de l’ordre, servirent de témoins contre lui, dans cette fameuse information que j’aurai bientôt occasion d’apprécier.

On ne connaît ni les noms, ni les aveux de ces soixante-douze templiers que le pape dit avoir interrogés. Aucun procès-verbal

  1. (1) Quidam in ipso templo, ut fama proferebat, plures mortuos fuisse, prae inedia, vel cordis tristitia vel ex desperato suspendio periisse. (Joan. canonic. Sti. Victoris)