Page:Raynaud - Le Signe, 1887.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

RÊVERIE


À Sarah Bernhardt


La lune s’est levée au dessus de l’étang,
Toute l’onde, enchantant le parc aux vieilles branches,
Le parc empli d’un lourd silence qui s’étend
Au loin, dans la paix fade un peu des lueurs blanches ;
La lune s’est levée au ciel ; seule, écoutant
L’une après l’autre, oh ! combien lente, sonner l’heure,
Tandis que quelque chose en elle seule pleure,
La vierge à son balcon rêve seule, écoutant.

Les oiseaux dans leurs nids d’herbes jasent en rêve,
Les fleurs dorment sans se lasser de sentir bon
La vierge rêve seule et triste à son balcon.
Oh ! que celui dont elle a l’image se lève !
Qu’il vienne, celui qu’elle a vu passer en rêve !
Le beau jeune homme aux yeux couleur de ciel et blond,
Pour que son amour, comme une autre fleur, se lève
Parmi les fleurs jamais lasses de sentir bon.