Page:Raynaud - Le Signe, 1887.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et comme elle m’ouvrait dans la nuit mal aimée
 Dans ce vide où bat un rire énervant,
Un sillage d’amour simple et de paix calmée
 Où mon âme allait prise d’un bon vent,

Émue, et retournée, ainsi que d’aventure,
 À ce pauvre obscur, sur votre chemin,
Tout à coup, sans méfaire, et par charité pure,
 Vous auriez tendu simplement la main,

Vous auriez eu pitié de ce cœur solitaire,
 Dont le vague ennui soudain s’était tu,
Devant l’exemple cher de votre vie austère
 Et le signe fort de votre vertu ;

Vous auriez, jusqu’à lui, comme une clarté bonne
 Par la grille d’une étroite prison,
Laissé filtrer la sympathie, or qui se donne,
 De votre innocence en sa floraison ;

Et vous n’auriez pas eu l’amère insouciance
 D’ôter ce rêve à ce cœur éperdu
Par votre fuite, en lui laissant la conscience
 D’un bonheur possible et pourtant perdu.