amis. Non ! décidément, ce n’est point par habitude !… Et elle se sauve et, retournée sur le seuil, sa voix jette encore, délicieusement enjouée : « Non !… point par habitude… Croyez-le bien ! »
L’heure de la soupe est venue. Des assiettes fumantes traversent nos discours… On promène une marmite de cuivre où glougloute un navarin… Des lampes allumées circulent. Il faut songer à la retraite. J’entraîne Dubois-Desaulle, l’auteur de Sous la Casaque, livre sincère et cruel. Ce sont les notes d’un soldat, c’est le journal d’un fusilier des compagnies de discipline. Sa lecture laisse une impression de cauchemar plus angoissante encore que le Biribi de Darien.
Chez Darien, on sentait trop le rhétoricien, l’homme de lettres et — pour tout dire — le mauvais garçon… Il laissait trop voir le goût du mal, la coquetterie du vice, une sorte de fanfaronnade malsaine.
Chez Dubois-Desaulle, rien de pareil. C’est un fils du peuple, instruit par les lectures du soir, et qui ne doit rien qu’à lui-même. Son goût naturel lui a permis de traverser l’emphase des orateurs populaires et des énergumènes de réunions publiques, sans s’y noyer. À l’âge où les ouvriers s’empoisonnent avec de mauvais feuil-