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porains. Le Génie force tous les silences. Ce n’est ni M. François Coppée, ni M. Mendès, ni M. Jules Lemaître, ni M. Gaston Deschamps, ni M. Fouquier qui donnent du talent. Ils peuvent parler d’un mauvais livre par complaisance, ils ne le rendront pas meilleur. Ils peuvent ignorer un bon livre, ils ne l’empêcheront pas de faire son chemin. Toutes les puissances de la grande presse ont-elles pu barrer la route à Verlaine ? Je vous entends : il faut vivre ; mais quelle étrange aberration est-ce de vouloir faire de la poésie un métier ! Oui, il faut vivre ! mais alors, comme disait Banville, mettez-vous égoutier ou croupier de cercle, suivant vos moyens ; distribuez les prospectus au coin des rues....

Tandis que je me faisais ce petit sermon dont je pensais qu’il était bon que la postérité fût avertie, des malades allaient et venaient autour de nous, traînant péniblement leur pauvre carcasse endolorie. Ils changeaient de place leur douleur, à la recherche d’un soulagement qui ne voulait pas venir. D’autres sommeillaient, vaguement, sur les vastes fauteuils de M. Napias, et les braves petites sœurs trottaient, sous les ailes de leur grande cornette blanche. L’une s’approche, prévenante, doucement inquiète :