jeune esthète, à sa barbe, défend Jean Lorrain.
« Non, messieurs, s’écrie-t-il, vous n’empêcherez pas Jean Lorrain d’être, parmi les chroniqueurs de la grande presse, le plus digne d’être lu. C’est l’Aurélien Scholl de notre génération. Il a du style, de la fantaisie, du brio. C’est peut-être le seul (j’entends des fournisseurs habituels de nos grands quotidiens) qui ne soit pas assommant et qui ne se croie point obligé de pontifier, avec des phrases solennelles. N’est-ce donc rien, cela, à une époque où les vaudevillistes eux-mêmes se font directeurs de conscience ? Et puis, c’est le seul qui ait compris ses devoirs de critique. Depuis dix ans qu’il est sur la brèche, il n’a jamais cessé d’encourager les talents naissants, de mettre en lumière les génies méconnus. Il ne s’est produit aucun effort dans les arts ou dans les lettres qu’il n’ait accueilli avec sympathie. Aucune formule ne lui est restée étrangère. Il a parlé de tout et de tous avec intelligence, loyauté et désintéressement. Il n’a pas attendu, pour signaler les vers du noble poète Henri de Régnier, qu’il fût devenu adémicien. Comparez cette attitude avec celle de MM. François Coppée, Catulle Mendès, Anatole France, Armand Silvestre, qui, depuis un quart de siècle, règnent despotiquement sur la presse et qui n’ont usé