C’est à visiter les poètes que j’ai connu tous les hôpitaux de Paris : Laennec avec ses toits de prieuré, sa façade d’ancienne abbaye ; Broussais, qui semble, bâti sur pilotis, une bourgade de l’époque lacustre ; Necker aux murs nus et froids de caserne, mais où chante dans la cour une éternelle eau plaintive ; Saint-Louis, dont les tourelles Louis XIII pointent si joliment derrière les feuillages de l’avenue ; l’Hôtel-Dieu, qui ordonne parmi les colonnades et les degrés de pierre, la pompe païenne d’un décor antique…
C’est précisément à l’Hôtel-Dieu que je viens de voir Laurent Tailhade, à peine remis d’une douloureuse et grave opération. Sa bonne humeur courageuse a repris le dessus, et c’est presque avec entrain qu’il fait les honneurs de la « salle » à ses nombreux visiteurs. Tailhade est l’homme le plus entouré du monde, ce qui prouve bien qu’en dépit de la légende que lui ont créée ses attaques furieuses, c’est un tendre et un affectueux. Il faut des qualités solides de cœur pour entretenir autour de soi un tel concert de